Le Prisonnier de l'île aux pécheurs - épisode 2

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La musique s’était mise à jouer. Très forte, obligeant Bruno à sortir de son sommeil. Il avait encore le visage collé à l’oreiller, mais ne put s’empêcher de murmurer :

– Amicalement vôtre ! Brett Sinclair et Danny Wilde !

C’était plus fort que lui. Quand il entendait un générique, par jeu il en donnait le titre, surtout lorsqu’il s’agissait d’une série de l’époque de sa naissance. À cause de ses parents sans doute, des fans des feuilletons télévisés des années 60-70. De Janique Aimée aux Mystères de l’Ouest en passant par Belphégor, il les connaissait tous. Dans son enfance, Bruno avait vu et revu à la télévision les rediffusions des épisodes de ces séries cultes.

Immédiatement après avoir trouvé la réponse au générique, il prit conscience de la réalité. Le mal derrière la tête d’abord. Il se toucha la tête et sentit une bosse au-dessus de la nuque. Malgré le réveil brutal, les souvenirs se firent nets. La lettre de Charles de Gaulle, le rendez-vous, le moulin en ruine et puis le noir complet. La bosse derrière la tête qu’il toucha de la main lui apporta la réponse : on l’avait assommé au moulin.

Il découvrit qu’il était couché dans un lit. Il se redressa. Il constata qu’il était en caleçon. Ses vêtements étaient bien rangés sur le dossier d’une chaise. Où était-il ? La pièce ressemblait à une chambre d’hôtel. En face de lui, une télévision grand écran fixée au mur.

La musique d’Amicalement Vôtre continuait à jouer. Pénible, malgré l’attrait qu’il avait pour la série !

Il découvrit une télécommande sur la table de chevet. Il s’en saisit et arrêta la télé.

Bruno sortit du lit. La douleur le rappela à l’ordre. Machinalement, il toucha la bosse de son crâne avant de se diriger vers la porte. Il ne se faisait guère d’illusions, elle devait être fermée à clé. Surprise ! Elle s’ouvrit quand il actionna la poignée. Il remarqua la carte magnétique enfichée dans son support sur le mur ainsi que le boîtier sur la porte. Pas de doute, il était bien dans une chambre d’hôtel. Mais où ?

Il sortit dans le couloir. Plusieurs portes avec des plaques. Il nota que la sienne portait le numéro 26. Il s’apprêtait à poursuivre son exploration quand il se rendit compte qu’il était en caleçon. Il regagna alors la chambre pour s’habiller.

Bruno passa devant la fenêtre et tira le rideau. Il constata qu’il était en étage en découvrant le paysage. Une pelouse, des allées et une forêt dans la ligne de mire qui l’empêchait de voir plus loin. Il ouvrit la fenêtre et se pencha pour mieux découvrir l’extérieur, en espérant aussi apercevoir du monde. Mais il n’y avait personne.

Bon, assez tergiversé !

Il referma la fenêtre et attrapa ses vêtements sur le dossier de la chaise. En temps normal, avant de s’habiller, il serait passé par la salle de bains afin de se doucher et se raser. Mais on n’était pas en temps normal !

Le professeur d’histoire quitta la chambre. Arrivé au bout du couloir, il préféra les escaliers à l’ascenseur. Le nombre inscrit sur le palier lui apprit qu’il était au deuxième étage. Une fois au rez-de-chaussée, il huma une sympathique odeur de café. Malgré les circonstances, un petit déjeuner serait le bienvenu. Il se laissa guider par l’agréable arôme qui le conduisit jusqu’à la salle à manger de l’hôtel.

Un homme qu’il ne connaissait pas était assis à une table et terminait son petit déjeuner.

– Bonjour Monsieur Martel, le salua l’inconnu en lui adressant un large sourire.