Le Prisonnier de l'île aux pécheurs - épisode 4

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Bruno marqua une pause sur le perron pour observer les jardins, le ciel et la forêt. La température était agréable et le soleil s’apprêtait à réchauffer l’atmosphère. Une belle journée de printemps en perspective.

Il descendit ensuite les quatre marches et s’engagea sur l’allée principale bordée par les pelouses avant de s’enfoncer entre les chênes et les châtaigniers, avec pour principal objectif : comprendre ! Était-il toujours en Bretagne ? L’essence des arbres semblait le confirmer, encore que ce type de végétation pût se rencontrer partout sur le territoire français.

Bruno parcourut plusieurs centaines de mètres avant d’arriver face à un immense portail en fer à la hauteur imposante. Les vantaux étaient pleins, interdisant toute visibilité au-delà du domaine. Un rapide coup d’œil à l’interstice entre les charnières et un pilier ne lui apprit rien de plus. L’allée continuait hors de la propriété entre les arbres de la forêt toujours présente.

Le portail ne se montra pas disposé à s’ouvrir quand Bruno essaya de le manœuvrer. Le professeur d’histoire avait pourtant un instant espéré que la serrure se comporterait comme celle de la porte de la chambre.

Le mur qui s’étendait de part et d’autre n’engageait pas plus à l’optimisme. Quatre mètres de haut, surmonté par du fil de fer barbelé. On se serait cru dans un camp militaire ou dans une prison. Bruno se mit à longer le mur, espérant trouver une brèche. Il abandonna après dix minutes de marche.

Le constat pressenti se concrétisait : il était bel et bien prisonnier !

Réfléchir !

Qui me retient ici ? Pourquoi ? Qui est vraiment ce toubib ? Mon ravisseur ou un individu logé à la même enseigne que moi ? Qui sont les autres, ceux dont il a parlé ?

Les réponses autosuggérées ne révélèrent que des hypothèses farfelues. Autant attendre la suite des évènements pour en savoir plus.

Il décida donc de regagner sa chambre.

Une fois de retour, il s’imposa un passage par la salle de bain. Première surprise avant d’entrer sous la douche : à côté du lavabo, il découvrit un rasoir mécanique, une bombe de mousse et une lotion après-rasage. Les mêmes qu’il utilisait chez lui ! Coïncidence ? La douche lui stimula les neurones. À peine rincé, il quitta la cabine, s’essuya sommairement et se précipita dans la chambre sans prendre le temps de s’habiller.

Il ouvrit la penderie. Son intuition était bonne. Il découvrit empilés, pantalons, chemises, slips et tee-shirts. Un véritable trousseau. Il déplia un polo. La taille correspondait à la sienne.

On ne pouvait plus parler de coïncidence !

Il retourna se raser et revint dans la chambre pour passer des vêtements propres. Tant qu’à faire !

Il réfléchit.

Coupé du monde extérieur ? Pas tout à fait, il y a la télé !

Bruno se saisit de la télécommande et sortit l’appareil du mode veille. Le générique d’Amicalement Vôtre entendu au réveil s’était tu. L’écran affichait désormais trois icônes en forme de boutons virtuels complétés par du texte :

1 – Actualités

2 – Vos favoris

3 – TV

Avec les flèches de la télécommande, il descendit jusqu’au troisième bouton et sélectionna la fonction. Il avait déjà prévu de zapper jusqu’à une chaîne d’info en continu. Malheureusement, il fut arrêté dans son élan par le message qui s’afficha sur l’écran :

« Fonction momentanément indisponible.

Veuillez réessayer plus tard ! »

Coupé du monde reprenait de son sens !

Plus qu’à visiter les autres menus. « Vos favoris » lancèrent la vidéo du générique d’Amicalement Vôtre qu’il s’empressa d’interrompre. Restait le bouton « Actualités ». Les deux lignes qui suivirent apportèrent enfin quelques informations :

« Bienvenue sur l’île aux pécheurs. »

« Le résultat de votre test sera disponible à midi. »

À la lecture du texte, un détail lui sauta aux yeux.