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Le Prisonnier de l'île aux pécheurs - épisode 5


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Bruno connaissait enfin le nom de l’endroit où il se trouvait : l’île aux pécheurs. Mais où était cette île ? Au large de la Bretagne ? Seul indice, la végétation. Des feuillus. On était en climat tempéré. Trop vague, malgré tout, pour situer le lieu. En revanche, le détail orthographique était important, à moins que le rédacteur du texte eût commis une faute.

L’accent sur le mot « pécheurs » était un accent aigu pas circonflexe. Le mot avait une connotation religieuse et aucun rapport avec la pêche.

Le professeur était passionné de théologie. Il passa rapidement en revue divers épisodes de la Bible. Il défila aussi dans sa tête les évènements de l’Histoire en rapport avec la religion pour trouver un sens à la dénomination du lieu où il était retenu. Les croisades du Moyen Âge, l’Inquisition, les guerres de Religion… Il plongea aussi dans l’univers de ses connaissances historiques et géographiques pour tenter d’en faire sortir une île portant ce nom. En vain.

Il se frotta la tête et grimaça. Il avait oublié sa bosse. Faute d’éléments plus concrets, il préféra abandonner momentanément ses réflexions.

Il s’allongea sur le lit et s’assoupit.

La sonnerie du téléphone de l’hôtel sur le chevet le réveilla. Quelle heure pouvait-il bien être ? Il décrocha.

– Bruno ? C’est Jérôme.

Le médecin lui parlait comme s’ils étaient de vieux amis. À croire qu’un test médical suffit à vous rendre intime !

– J’ai une bonne nouvelle, poursuivit le praticien. Votre test est négatif. Descendez nous rejoindre à la salle à manger ! Nous avons pris l’habitude de déjeuner tous ensemble.

Deux réponses arrivaient en même temps : il n’était pas infecté par le virus et il devait être midi !

Bruno acquiesça et raccrocha. Il allait peut-être enfin comprendre.

Il s’arrêta à l’entrée de la salle à manger et découvrit de loin le groupe attablé qui discutait. Personne n’avait encore remarqué son arrivée. Il prit le temps d’observer.

Ils étaient cinq. Deux lui tournaient le dos, mais face à eux, il reconnut les lunettes et la coupe en brosse de Jérôme Bellenci. À la droite du médecin, une jeune femme blonde. Bruno ne vit la cinquième personne, assise en bout de table, que de profil. Elle était brune, les cheveux mi-longs. Il eut un sursaut intérieur !

Claire ! Claire Masurier, ou plutôt Claire Lachard depuis son mariage.

Comment était-ce possible ?

– Bonjour Monsieur. Entrez, je vous en prie !

Il n’avait pas vu arriver l’homme aux allures de maître d’hôtel qui l’invitait à pénétrer dans la salle à manger.

À l’arrivée de Bruno, Bellenci se leva et s’adressa aux convives :

– Je vous présente Bruno Martel. Il est arrivé ce matin et se pose exactement les mêmes questions que nous, le jour de notre arrivée.

Il laissa passer le brouhaha de « bonjour » et de « bienvenue » avant de reprendre :

– La place en bout de table est libre. Asseyez-vous !

Le prof d’histoire s’installa. Il avait une multitude de questions à poser, pourtant son attention était totalement captée par Claire, assise en face de lui à l’autre bout de la table. Bruno eut l’impression que celle-ci détournait le regard pour éviter de croiser le sien.

Pendant ce temps, le médecin poursuivait son discours d’accueil en présentant les convives au nouveau venu :

– Honneur aux dames : à ma droite, c’est Ariane, en bout, Claire. Et voici Norbert et Renaud.

Puis s’adressant aux quatre avec une pointe d’humour :

– Quant à notre petit nouveau, c’est Bruno. Vous pouvez lui serrer la main. Les tests ont révélé qu’il était négatif comme nous tous. C’est pour l’instant le seul avantage que je peux relever de notre captivité.

Pour Bruno, le mot prononcé confirmait, une fois de plus, ses conclusions.

Tous se levèrent et se saluèrent. Claire dut suivre le mouvement. Bruno lui fit la bise.

Elle n’eut pas le temps de s’esquiver. Oh, après tout ! pensa-t-elle.

– Bonjour Claire. Quelle surprise de te retrouver !

Jérôme les regarda.

– Vous vous connaissez ?

– Oui… Un peu… Enfin, ça fait un bout de temps que…, bafouilla Claire.

Un peu ? Tu parles, pensa Bruno. Pourquoi cette soudaine distance ? Il lui demanderait, mais plus tard, pas en public pour ne pas accroître ce surprenant embarras.

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