Le Prisonnier de l'île aux pécheurs - épisode 11
- Alain DECORTES
- 2 avr. 2020
- 3 min de lecture

[if !supportLists]11[endif]
De la fenêtre de sa chambre, grâce aux candélabres, Claire distinguait la silhouette de Bruno dans l’allée.
La lune était dans son dernier quartier. Bruno semblait l’observer.
Claire n’arrivait pas à contenir les souvenirs qui remontaient à la surface. Certains étaient plaisants, d’autres douloureux. Tous la perturbaient.
Le 11 mars 2011 ! Elle s’en souvenait parfaitement. Le séisme et le tsunami qui avait entraîné la catastrophe nucléaire de Fukushima ! Dans les jours qui avaient suivi, elle s’était rendue à Paris pour le compte de la fondation Dan Lachard. Elle et son mari avaient décidé d’apporter une aide aux populations victimes du séisme et du tsunami.
Paris – neuf ans plus tôt, lundi 14 mars 2011, 11h
Claire était furieuse. Elle patientait depuis près d’une heure dans le hall d’entrée de l’ambassade du Japon à Paris. Elle avait normalement rendez-vous à dix heures. Elle était venue spécialement de Vevey pour traiter des modalités de remise de la somme qui servirait à financer des tentes, des médicaments et du matériel de recherche pour les secouristes.
Au bout de deux heures d’attente, on lui fit enfin savoir que, finalement, l’ambassadeur ne pourrait la recevoir le jour même. Sa visite auprès du Premier ministre à Matignon durait plus longtemps que prévu et l’obligeait à réorganiser son agenda.
À force d’insistance, Claire réussit à rencontrer le secrétaire de l’ambassade.
– Pouvez-vous me fixer un nouveau rendez-vous pour cet après-midi ou demain ? lui demanda-t-elle.
– Je vous demande humblement pardon, chère Madame, répondit l’homme en se penchant avec déférence.
Cette politesse excessive l’exaspérait. En plus, il y avait urgence. La catastrophe humanitaire était bien là. Impossible de la repousser, elle !
De sa voix nasillarde, le secrétaire lui promit qu’elle serait contactée sous vingt-quatre heures pour un nouveau rendez-vous.
Claire quitta le 7 avenue Hoche et retourna à l’hôtel Bristol où elle avait l’habitude de résider quand elle se rendait à Paris. Un passage par le spa de l’établissement lui ferait le plus grand bien pour chasser les contrariétés. Elle déjeunerait plus tard.
Dans le taxi qui la ramenait à l’hôtel, elle laissa un message à son mari pour lui faire part du fâcheux contretemps. Sans surprise, elle tomba sur le répondeur. Daniel s’entraînait tous les matins et éteignait toujours son téléphone.
L’envie d’envoyer balader les Japonais et prendre le premier avion pour Genève lui traversa l’esprit, mais elle se raisonna. Des gens mourraient de l’autre côté de la planète. Elle ne pouvait pas céder égoïstement à un instant d’irritation.
Arrivée à l’établissement du Faubourg Saint Honoré (www.oetkercollection.com/fr/hotels/le-bristol-paris/), Claire se précipita dans sa chambre (www.oetkercollection.com/fr/hotels/le-bristol-paris/hebergement/chambres/chambre-superieure/). Elle abandonna son tailleur Chanel pour enfiler un maillot et revêtir un peignoir de bain de l’hôtel, avant d’accéder au dernier étage où étaient situés la piscine et le spa (www.oetkercollection.com/fr/hotels/le-bristol-paris/spa-et-bien-etre/).
Une fois dans l’eau bouillonnante, envoûtée par les odeurs des huiles essentielles de lavande, elle laissa vagabonder son esprit.
Quarante ans dans trois jours ! Comme le temps passe ! Et Maxence qui vient d’avoir huit ans et qui nous offre une crise d’adolescence en avance !
Elle adorait sa petite famille.
La jeune femme pensa à Julie en souriant. En plus de s’occuper du quotidien, la bonne devrait gérer seule les trois garnements une journée de plus.
Tout naturellement, l’image de Daniel s’invita dans la tête de la jeune femme. Elle l’aimait. Il l’aimait. Elle aurait juste voulu que le golf prenne un peu moins de place dans leur vie. Partir ensemble en amoureux. Eux deux, seuls, comme au début de leur mariage. Elle se sentait vieillir. Pourtant à quarante ans, elle avait encore la vie devant elle ! Elle avait déjà eu une belle part de bonheur, elle le reconnaissait, mais elle en voulait encore plus !
Une demi-heure plus tard, elle retrouvait son élégante tenue et gagnait le Café Antonia, le bar de l’hôtel. Elle choisit une salade gourmande et s’abstint de commander un dessert pour conserver la ligne. Discipline efficace, en effet. Malgré les trois enfants qu’elle avait eus, elle gardait une silhouette élancée que beaucoup de femmes de son âge auraient pu lui envier.
Après avoir pris un café, Claire remonta dans sa chambre. Elle se jeta sur le lit et alluma la télévision. L’hôtel proposait des films. Elle fit défiler la liste. Pas très récent, tout ça ! Elle en trouva tout de même un qui lui convenait. Il datait de vingt ans, elle l’avait vu et revu à la télé, mais elle l’adorait. Un bon moyen de passer le temps en attendant le coup de fil de l’ambassade du Japon.
Elle connaissait le film par cœur et n’avait pas besoin de se concentrer pour suivre l’histoire. Elle relisait en même temps les messages sur son téléphone. Puis elle feuilleta les publicités qu’elle avait remontées du bar. Ne pas gamberger ! Trouver une occupation pour la fin d’après-midi. Pourquoi pas une visite de musée après le film ?
Soudain, l’encart d’un dépliant attira son attention.
Je crois que j’ai trouvé, pensa-t-elle.
Elle regarda l’heure, mit le film en pause et se leva.
Posts récents
Voir toutCe site n'étant que peu consulté, j'ai décidé de le mettre en sommeil. Vous pouvez désormais retrouver toute mon actualité auteur sur les...