top of page
  • Black Twitter Icon
  • Black Facebook Icon
  • Black Instagram Icon
Rechercher

Le Prisonnier de l'île aux pécheurs - épisode 19

  • Alain DECORTES
  • 10 avr. 2020
  • 3 min de lecture

19

Paris – neuf ans plus tôt, mardi 15 mars 2011, 7h30

Les doubles rideaux étaient restés ouverts. La lumière du jour traversait le voilage des fenêtres.

Bruno se réveilla. Il n’avait pas rêvé. Elle était là, couchée à plat ventre à côté de lui dans l’immense lit, la tête tournée vers lui. Elle dormait encore. Il lui trouvait un visage d’enfant. Il l’observa, la contempla.

Il remonta le drap pour couvrir son épaule nue. Il ne voulait pas qu’elle ait froid. Il aurait aimé l’embrasser une fois encore, mais un baiser l’aurait réveillée. Il patienta en repensant à la nuit qu’ils venaient de passer comme de jeunes amoureux fous. Pourquoi avaient-ils attendu si longtemps ? Pourquoi ne pas avoir fait comme les autres ? Il serait aujourd’hui le père de ses enfants !

Le destin en avait décidé autrement. Il arrêta là ses élucubrations. Il était bien placé pour savoir qu’on ne refait pas l’histoire.

Il se contenta de savourer le moment présent.

Claire remua un peu, puis ouvrit les yeux. Elle mit plusieurs secondes à reprendre pied avec la réalité.

Bruno trouva l’instant long. Il se demanda ce qui pouvait bien se passer dans la tête de la jeune femme.

Pendant que les deux paires d’yeux se fixaient mutuellement, une foule d’images défilaient dans chaque tête.

Ce fut Claire qui prit l’initiative de se ruer sur son amant pour l’embrasser. Ils s’enlacèrent puis s’immobilisèrent. Serrés l’un contre l’autre, ils restèrent un long moment sans parler.

Ils prirent le petit déjeuner en amoureux dans la chambre, puis occupèrent à tour de rôle la salle de bain. Bruno passa en second. Quand il revint dans la chambre, il trouva Claire en larmes, étendue sur le lit.

– Qu’est-ce que tu as mon amour ? lui demanda-t-il en l’enlaçant.

Elle le repoussa.

– Ne me touche pas ! Ne m’appelle plus « mon amour » ! Jamais ! Plus jamais !

– Mais… Claire… Je ne comprends pas.

– C’est mal ! C’est mal ce qu’on a fait !

– Mais…

– J’avais bu, tu n’aurais pas dû.

Il trouva la remarque inappropriée. Certes, l’alcool avait peut-être aidé à la venue dans la chambre. Mais plus tard dans la nuit, les effets s’étaient dissipés. Bruno n’avait en aucun cas obligé Claire à se donner à lui. Son corps s’était embrasé et elle n’avait rien fait pour éteindre l’incendie. Et puis, il y avait eu les « je t’aime » échangés avec passion sur l’oreiller.

Non, il ne comprenait pas.

Un embryon d’explication arriva enfin :

– J’aime Daniel. J’aime mes enfants. On n’avait pas le droit.

Il n’en fut pas convaincu.

– Va-t’en ! poursuivit-elle. Je t’en prie, va-t’en !

Le cœur brisé, Bruno suivit l’injonction. Il prit sa veste et retourna vers Claire pour l’embrasser avant de partir. Elle le repoussa.

– Va-t’en, je te dis ! Je ne veux plus te revoir.

Complètement K.O., Bruno la regarda une dernière fois avant de sortir de la chambre.

Dès le lendemain, il lui téléphona. Elle ne répondit pas. Il réitéra chaque jour et lui laissa des messages. Enfin, au bout d’une semaine, elle décrocha.

– Bruno ! Je ne supporte plus que tu m’appelles tous les jours. S’il te plaît, oublie-moi ! Ne me téléphone plus ! Ne cherche pas à me revoir. Je veux tout effacer, même nos années lycée !

Que pouvait-il répondre ? Il la respectait trop pour ne pas lui obéir. Pour lui aussi, c’était dur, très dur. Pas pour les mêmes raisons. Elle lui donna le coup de grâce avec ces dernières paroles :

– J’ai tout avoué à Daniel.

Elle raccrocha.

Bruno avait respecté le souhait de Claire. Jamais, il n’avait cherché à reprendre contact. Ils ne s’étaient pas revus jusqu’à ce jour de mars 2020 où le hasard les avait de nouveau réunis sur cette île.

Île aux pécheurs – vendredi 20 mars 2020, 2h du matin

Claire ne parvenait pas à chasser les images de 2011. Depuis la veille, Bruno était redevenu réalité. Il n’était plus rangé au rayon des souvenirs. Pourquoi avait-elle éprouvé le besoin de le rejoindre dans les jardins pour parler avec lui ? Elle se l’était pourtant interdit. Elle le regrettait fort et en même temps, elle avait apprécié ce moment.

Claire s’était enfin endormie un peu après minuit, mais s’était réveillée une heure plus tard, taraudée par les mêmes pensées.

Sans en comprendre la raison, elle se mit à pleurer. C’était trop dur !

Tu n’es pas cohérente, se dit-elle. Tu dois assumer !

Plus facile à dire qu’à faire !

Ça continua de tourner dans sa tête. La « tempête sous un crâne » !

 
 
 

Posts récents

Voir tout
Site en sommeil

Ce site n'étant que peu consulté, j'ai décidé de le mettre en sommeil. Vous pouvez désormais retrouver toute mon actualité auteur sur les...

 
 
 
Posts à l'affiche
Revenez bientôt
Dès que de nouveaux posts seront publiés, vous les verrez ici.
Posts Récents
Archives
Retrouvez-nous
  • Facebook Basic Square
  • Twitter Basic Square
  • Google+ Basic Square

© 2017 par Alain DECORTES créé avec Wix.com

  • White Twitter Icon
  • White Facebook Icon
  • White Instagram Icon
bottom of page