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Le Prisonnier de l'île aux pécheurs - épisode 28

  • Alain DECORTES
  • 19 avr. 2020
  • 3 min de lecture

28

Dans la salle à manger, les trois hommes passaient en revue toutes les hypothèses au sujet de la mort de Norbert. Aucune n’était satisfaisante. Sans parler du personnel de l’hôtel qui avait disparu. Ces absences soudaines venaient encore épaissir le mystère.

Tout à coup, ils aperçurent Claire à l’entrée de la pièce. Elle se tenait droite et immobile.

– Claire ? demanda Bruno. Ça va mieux ?

Elle ne répondit rien, fit demi-tour et s’en alla.

Bruno se leva et tourna la tête vers Renaud et Jérôme avec un air interrogatif.

– Allez-y ! conseilla Jérôme. Elle n’a pas l’air dans son assiette.

Bruno se précipita dans le hall. Claire n’y était plus, elle avait dû remonter dans sa chambre. Il s’élança dans les escaliers.

Il ne s’était pas trompé. La porte était ouverte, Claire se tenait debout face à la fenêtre. Elle lui tournait le dos.

Bruno voulait comprendre et l’aider. Faisant fi de toute la retenue qu’il s’était jusqu’alors imposée, il se plaça derrière elle et lui saisit les bras au-dessous des épaules. Il attendit. Elle ne se dégagea pas.

– Ne crois-tu pas qu’il serait temps que l’on parle franchement ?

Elle se retourna. Une larme lui coulait sur la joue.

– Oui, tu as raison. C’est peut-être le moment, répondit-elle.

Elle s’éloigna de lui pour poursuivre.

– Quand je t’ai revu. Je croyais que ce serait simple. J’ai repensé au lycée et… au reste.

– N’aies pas peur des mots, Claire. Le reste c’est quoi ?

– Tu le sais bien : notre nuit à Paris en 2011.

– Et alors ?

– Et alors, je n’arrête pas d’y penser. Tu crois que c’est bien ce que nous avons fait ?

– Moi aussi, j’y pense. Je pense surtout au bonheur que nous avons vécu cette nuit-là.

– Non, tais-toi. C’est pas aussi simple que tu le dis ! C’est même très compliqué !

Elle s’approcha de la table. Bruno remarqua seulement à cet instant la bouteille de jus d’orange et les deux verres à côté de la lampe d’appoint.

– C’est toi, Claire, qui es compliquée, répliqua Bruno.

Il n’aurait pas dû être si direct, mais il était trop tard. Il craignait une réaction qui aurait fait capoter la conversation. En l’absence de réponse, il choisit de poursuivre sans mâcher ses mots :

– Je vais être franc avec toi et te dire ce que je te cachais parce que je croyais ainsi te protéger. Alors voilà : nous sommes prisonniers d’un groupe d’illuminés qui a décidé de nous tuer. Nous allons tous y passer. Norbert était certainement le premier sur la liste. Alors, au vu de cet avenir sombre, le moment est peut-être venu d’être francs sur nos sentiments l’un envers l’autre.

– Non tais-toi, s’il te plaît ! Je ne veux pas en parler. Quant à notre captivité, tu as l’imagination trop fertile.

– Non, Claire ! À force de réflexions, de recoupements et du souvenir de ma thèse, maintenant, je les ai identifiés. Ils s’appellent les Soldats de la rédemption. Ce sont des fanatiques qui pensent que pour absoudre leurs péchés et obtenir la rédemption, il faut anéantir tout ce qui en est à l’origine. Détruire des objets et même des hommes. Ce sont des déments. Nous avons certainement commis dans notre vie des actes répréhensibles en rapport avec ces exaltés. C’est pour ça que nous sommes condamnés à mort. Je me fiche de mourir, mais toi, je veux que tu vives !

Claire posa la bouteille et se précipita dans les bras de Bruno. Elle fondit en larmes.

– Pourquoi tu dis ça ? C’est trop dur !

– C’est hélas la vérité et je ne vois malheureusement pas le moyen de leur échapper.

Claire était dévastée. Elle devait se libérer de cette étreinte dans les bras de Bruno dans laquelle pourtant, elle se sentait si bien malgré les circonstances.

Je ne dois pas l’écouter, sinon jamais je ne pourrai ! Il se trompe. C’est moi qui ai raison. Ne pas rester dans ses bras ! Être forte !

Elle réussit à se ressaisir et retourna vers la table.

– J’ai soif, dit-elle en remplissant un verre de jus d’orange. Oui, tu as raison. Je suis trop compliquée.

Étonnamment, elle avait quitté son état d’émotion extrême. Bruno s’en félicita.

– Tu trinques avec moi, lui dit-elle en remplissant le second verre. Même si ce n’est pas du champagne ?

Il lui sourit en guise d’acquiescement. Il n’avait pas remarqué le petit sachet à peine dissimulé par la lampe d’appoint.

Au fond du verre, la poudre blanche se dilua dans le jus d’orange.

Bruno se saisit de la boisson que lui tendait Claire. Les deux verres s’entrechoquèrent.

– À nous deux ! lança Bruno avec ces trois mots remplis d’ambiguïté.

 
 
 

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