top of page

Le Prisonnier de l'île aux pécheurs - épisode 36


[if !supportLists]36

Le Commandeur tenait la main de Claire qui serrait la crosse du Sig-Sauer. Bruno, les poignets attachés derrière le tronc d’arbre, remuait de gauche à droite pour tenter de se sortir de la ligne de mire. Gesticulation bien inutile ! Le canon était pointé sur lui. Il ne voyait que ça ! À quatre mètres de distance, il était une cible parfaite. Il n’avait aucune chance d’en réchapper.

– Non, Claire, ne fais pas ça ! supplia-t-il, désespéré.

– Ne l’écoute pas ! répliqua le Commandeur. Tire et tue-le ! Tu seras pardonnée. Sauve ton âme ! De toute façon, sur cette terre, tu es perdue, Claire ! Tes empreintes sont sur la crosse, ton permis de conduire est resté à côté des cadavres des motards. Demain, tu feras la une des journaux : « Après avoir sauvagement abattu deux gendarmes, elle tue son amant et se suicide ». Pense seulement à ta rédemption ! Tue-le !

Claire tremblait. Sa tête bouillonnait.

Je dois obéir et tirer pour effacer le péché. Oui, je dois tirer ! Non, je ne veux pas tuer Bruno ! Si, il le faut !

Tout défilait dans son esprit, dans le désordre et à très grande vitesse : ses enfants, son mariage, le lycée, le badminton, Daniel, Bruno, la soirée du 14 mars 2011, les Soldats de la rédemption, Engelmatt, le sachet de poison…

Tuer Bruno ! Pourtant, elle l’avait déjà épargné. Elle n’avait pas pu.

Du courage, je dois avoir du courage !

– Tire ! répéta une fois encore le Commandeur.

Une détonation !

Elle avait tiré… tout à gauche, en essayant de se libérer de l’emprise de celui qui la tenait. Elle n’avait pas pu tuer Bruno.

Elle réussit à entraîner au sol le Commandeur. S’en suivit un véritable pugilat. Il cherchait à lui reprendre l’arme, mais elle serrait la crosse très fort dans sa main.

Bruno regardait, impuissant.

Les deux adversaires roulèrent ensemble. Un coup de feu partit. Bruno eut très peur. Mais non. Les combattants redoublaient de violence. Claire avait transcendé sa peur. Sa condition physique lui permettait de ne pas plier, voire de prendre parfois l’avantage.

La rage l’avait maintenant envahie. Elle était devenue une furie. Elle hurlait. Elle réussit à se retrouver au-dessus de son adversaire. Les deux combattants déployaient toutes leurs forces.

Bruno vit les deux corps immobilisés, collés l’un à l’autre, Claire au-dessus. Puis soudain, le second coup de feu !

Plus le moindre mouvement !

– Claire ! Non ! Claire !

Bruno tirait sur ses liens à s’arracher les poignets.

Tout à coup, Claire remua. Elle se redressa, les genoux, de chaque côté du corps de son adversaire. Le Commandeur ne bougeait plus. Une grosse tache rouge foncé maculait sa chemise.

Claire le regardait, hébétée. Elle jeta le pistolet au loin comme pour se débarrasser d’un objet diabolique.

Soudain, elle ressentit une violente douleur en haut de la jambe gauche. Elle posa la main sur son jean au niveau de la cuisse, puis la ramena à elle, tachée de sang. Claire était blessée. Le premier coup de feu pendant la bagarre, sans doute, tandis que le second avait transpercé la poitrine du Commandeur.

La voix de Bruno la ramena à la réalité :

– Claire, Claire ! Tu l’as eu. Oh, merci, merci ! Pour la deuxième fois, merci.

Elle tourna la tête vers lui. Elle avait un regard vide.

– Tu l’as eu, répéta-t-il. Tu n’as plus rien à craindre. Tu peux venir me détacher.

Elle se releva, mais ne parvint pas à se tenir debout. Avant qu’elle ne s’écroule, Bruno aperçut le sang sur la jambe gauche du jean.

Claire avança jusqu’à lui en rampant. Elle réussit à se hisser jusqu’à ses poignets. Elle déploya ses dernières forces pour dénouer la sangle. Quand elle vit les deux mains enfin libérées, elle se laissa tomber au pied de l’arbre.

Posts à l'affiche
Revenez bientôt
Dès que de nouveaux posts seront publiés, vous les verrez ici.
Posts Récents
Archives
Retrouvez-nous
  • Facebook Basic Square
  • Twitter Basic Square
  • Google+ Basic Square
bottom of page