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Le Prisonnier de l'île aux pécheurs - épisode 37


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Claire était allongée sur la couverture que Bruno avait sortie du coffre de la Mini. Elle grimaça quand elle sentit les doigts lui effleurer la cuisse.

– Il faut que je regarde ta blessure de plus près, lui annonça Bruno, inquiet.

Elle ferma les yeux sans répondre. Il essaya maladroitement de déchirer le tissu à l’endroit où la balle avait troué le jean, mais il ne parvint qu’à arracher un « Aïe ! » à la blessée. Elle eut le réflexe de répliquer :

– Il y a une paire de petits ciseaux dans la poche intérieure de mon sac dans le coffre.

Cette réaction pragmatique soulagea Bruno : Claire était lucide. Il retourna jusqu’à la Mini. Le corps de Renaud gisait à côté de la voiture. Il faudrait bien s’en occuper, mais pour l’instant la priorité était d’apporter les premiers soins à Claire.

Il revint et s’attaqua au pantalon. D’une main mal assurée, il découpa le tissu, puis fit glisser la jambe du pantalon au-dessous du genou. La cuisse était désormais dégagée. La blessure saignait sans que l’hémorragie soit abondante. Il n’était pas médecin. Il lui restait seulement le vague souvenir d’une lointaine formation aux gestes de premiers secours.

Il retourna à la voiture, fouilla dans le sac de voyage. Il ne trouva que des vêtements. Il chercha vainement une trousse de toilette certainement restée dans la chambre en raison de la fuite improvisée. Il sortit un foulard du sac, puis referma le coffre. Il fallait maintenant trouver de quoi aseptiser la plaie. Il réfléchit.

Par les temps qui courent, il y a sûrement du gel hydroalcoolique dans la voiture, pensa-t-il.

Il découvrit un flacon dans la boîte à gants. Il y avait même un paquet de masques chirurgicaux bien inutiles en cet instant.

Bruno retourna vers Claire. Elle s’était redressée et, appuyée sur un coude, elle observait sa blessure.

– Rallonge-toi et serres les dents ! Ça va piquer !

Elle obéit.

Bruno inonda le foulard de gel, puis l’entoura autour de la cuisse de Claire qui ne put retenir un cri.

L’infirmier improvisé s’assura que le pansement contenait l’hémorragie sans couper la circulation sanguine.

– Voilà, j’ai terminé les soins de première urgence, annonça Bruno. J’espère que la balle a traversé. Il faut que je t’emmène auprès d’un médecin, maintenant.

Claire s’appuya de nouveau sur son coude.

– Non, je reste sur ce que j’ai dit tout à l’heure. Je veux me cacher. Et puis ma blessure n’a pas l’air trop grave.

– Comment peux-tu l’affirmer ?

Elle n’avait évidemment pas la réponse, mais elle était déterminée. Bruno céda, non sans lui rappeler que lui aussi était têtu :

– Alors moi non plus, je ne lâche pas. Je t’accompagne.

Dans son état, elle n’avait pas le choix. Elle approuva :

– D’accord. J’hésite entre une maison que l’on a dans le Midi et un appartement au bord de l’océan, à Hossegor. Mais c’est un peu loin.

– Et tu ne crois pas que ce sont les premiers endroits où ton mari va te chercher ? Sans parler de la police. À en croire Renaud, tes anciens amis ont dû te charger un max. Et la mort des deux motards va certainement être portée à ton actif. Non, oublie tout ça ! Je pense avoir mieux à te proposer.

Il lui expliqua son idée. Elle adhéra pleinement. De toute façon, elle n’avait plus envie de réfléchir. Elle s’en remettait à lui, prenant enfin conscience de sa monstruosité : par deux fois, elle avait voulu le tuer.

Elle craqua et se mit à pleurer :

– Pardon, Bruno ! Pardon !

– Tais-toi ! Tu n’as pas à me demander pardon. Tu étais sous leur emprise. Garde ton énergie ! Tu en auras besoin.

Il se demanda s’il avait toute sa raison. Il eut été tellement plus simple de se rendre dans la première gendarmerie et de tout expliquer. Oh bien sûr, dans un premier temps, on les aurait arrêtés. Mais la vérité aurait bien fini par éclater. Ils auraient demandé à être placés sous protection. Et tout serait rentré dans l’ordre.

Mais non, Claire avait trop peur des Soldats de la rédemption. Même en prison, elle était certaine qu’ils l’auraient assassinée. Peut-être avait-elle raison. Mais se lancer dans une cavale éperdue était tout aussi insensé. On ne pouvait pas se cacher éternellement.

Peu importe ! Bruno avait fait le choix de ne pas la quitter et de fuir avec elle. Décision complètement irrationnelle. Mais depuis une semaine, plus rien n’était rationnel.

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