Le Prisonnier de l'île aux pécheurs - épisode 40
- Alain DECORTES
- 1 mai 2020
- 3 min de lecture

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Clermont-Ferrand – le même jour, 11h30
Depuis leur arrivée au bureau tôt le matin, le capitaine Pichat et sa stagiaire étudiaient en détail tous les documents qui traitaient des époux Lachard et du professeur d’histoire Bruno Martel.
En raison du contexte des assassinats, le parquet national antiterroriste s’était saisi de l’enquête. Ce n’était pas pour déplaire à Roland Pichat qui avait l’habitude d’échanger avec la structure dans les affaires intégristes qu’il traitait.
Au fil des heures, les deux policiers clermontois engrangeaient les nouvelles. L’invité emmené en otage était mort, sans doute tué par Claire Lachard. Grâce à la géolocalisation de son téléphone portable, il avait été retrouvé dans une clairière, une balle en pleine poitrine.
En revanche, le couple infernal courait toujours. Il était passé au travers des barrages et avait sans doute réussi à quitter la région. Pendant quelques heures, les chaînes d’informations en continu avait fait leur une du quintuple crime de la Creuse avant que le virus, plus meurtrier, ne reprenne la première place sur les écrans de télévision.
Roland et Perrine avaient digéré les documents, les plus anciens comme les plus récents ainsi que les témoignages de la veille. Le moment était venu de mettre en commun les idées et déductions de chacun.
Ils ne devaient pas se tromper de cible, seule l’enquête liée aux Soldats de la rédemption leur incombait, pas celle des tueurs de la veille, mais la frontière était suffisamment floue pour se permettre des initiatives.
– Je commence par les certitudes, dit Roland. Claire Lachard est une adepte assidue des Soldats et fichée S. Elle connaît, depuis le lycée, Bruno Martel, spécialiste des religions. Le mannequin Ariane Nati était jusqu’à l’année dernière la maîtresse de Daniel Lachard. À toi !
– Je n’ai pas d’autres certitudes que les tiennes, répondit Perrine. C’est plutôt une remarque liée à ma sensibilité féminine dont je voudrais te faire part.
Elle s’attendait à une blague de macho en retour, mais il n’en fut rien. Le mode complètement professionnel dans lequel était passé Roland Pichat lui avait retiré tout humour déplacé.
– Je n’arrive pas à croire que Claire Lachard soit à l’origine de tous ces crimes, poursuivit Perrine. D’accord, elle est fichée S. Mais elle a un passé irréprochable. Elle s’occupe de ses trois enfants, consacre énormément de temps à des actions humanitaires et possède une morale sans failles d’après les rapports.
– On a souvent vu des intégristes commettre des actes terroristes inattendus.
– Oui, je te l’accorde. Je n’ai aucune preuve. Mais j’ai l’intuition qu’elle n’a pas pu commettre seule et de sa propre initiative les crimes qui lui sont imputés. Pour moi, une Claire Lachard, tueuse sanguinaire, ça ne colle pas !
Le capitaine Pichat se caressa le menton. La remarque de Perrine le conforta dans une autre hypothèse. Il s’en ouvrit à sa stagiaire :
– Je n’ai pas eu la même approche que toi, mais peut-être allons-nous nous rejoindre. Les témoignages d’hier sont trop précis, trop cohérents, trop bien huilés. En règle générale, les témoins d’un crime n’ont pas tous des réactions rationnelles. Certains se trompent ou oublient des détails à cause de l’émotion, alors qu’hier, tout était limpide. Sur sa chaise, Lachard semblait très abattu, mais, avec le recul, je trouve que c’était un peu théâtral.
Les deux cerveaux continuèrent à bouillonner, puis Pichat finit par conclure :
– Et si Claire Lachard était un « soldat » qui avait échappé à ses généraux ? Sans lui retirer son statut de coupable, elle devient une nouvelle victime potentielle.
– J’adhère complètement à ton hypothèse, approuva Perrine.
– Claire Lachard est en danger. Le PNAT* doit impérativement la retrouver avant ses anciens amis et nous allons l’y aider.
– Comment ?
– Il faut trouver l’endroit où Claire Lachard et Bruno Martel ont pu aller se planquer !
* Parquet national antiterroriste.
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