Le Prisonnier de l'île aux pécheurs - épisode 41
- Alain DECORTES
- 2 mai 2020
- 3 min de lecture

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Rochemans – le même jour, 13h
Le Berlingot de l’épicerie s’arrêta devant la Bergerie. Sophie en descendit. Bruno l’attendait.
– Personne ne t’a suivie ? demanda-t-il à sa sœur.
– Non, j’ai bien regardé. Et puis avec le confinement, il n’y a personne dehors. De toute façon, le mardi midi, je fais mes livraisons à domicile. Ça tombait bien, j’avais une commande pour les Martin, juste au début du chemin. Bon, j’ai tout apporté, et même le journal de ce matin. Regarde !
Elle lui tendit l’Éveil de la Haute-Loire dont la une affichait un titre racoleur.
MASSACRE INTÉGRISTE À FÉNIERS
– Tu es fou, Bruno. Dans quel pétrin tu t’es mis ?
– Je t’ai déjà expliqué tout à l’heure. Ne revenons pas là-dessus ! Tu n’as rien dit à Pascal ?
– Non.
– Il ne risque pas de venir pêcher ?
– Non, pas avant dimanche en tout cas.
– Je vais t’aider à décharger. Ensuite, j’aimerais que tu regardes la blessure de Claire. Après, tu repartiras vite. Pour la suite, tu ne reviens plus ici avant que je te contacte. Il en va de notre sécurité.
– D’accord. Et toi fais attention aux promeneurs, surtout près de l’étang, même si depuis le confinement les balades sont interdites.
Il lui posa affectueusement la main sur le bras.
– Oui, ne t’inquiète pas ! Et merci encore pour ton aide ! Sans toi, je me demande comment nous aurions fait.
Ils déchargèrent les provisions qui complétèrent celles que Sophie avait déjà apportées le dimanche précédent quand elle était venue rouvrir la Bergerie pour la saison. Puis ils se rendirent dans la chambre. Claire était toujours allongée, mais s’était un peu remontée à la tête du lit.
– Claire, je te présente Sophie, ma grande sœur.
– Enchantée.
– Moi de même. Bruno m’a expliqué pour votre blessure. Je vais regarder ça.
Claire marqua son étonnement.
– Avant de reprendre l’épicerie de Rochemans, Sophie était infirmière, la rassura Bruno.
Retrouvant d’anciens automatismes professionnels, Sophie demanda à son frère de sortir de la chambre avant de tirer le drap et la couverture vers le pied du lit. Elle retira le foulard enroulé autour de la cuisse qui servait de pansement improvisé depuis la veille. Le sang avait coagulé et le tissu collait à certains endroits. Claire serra les dents.
– Il est meilleur historien que médecin, lança Sophie. Mais je dois reconnaître qu’il a eu un bon réflexe. C’est enflé, mais ça commence déjà à cicatriser. Ça vous fait mal ?
– Oui, mais moins que cette nuit. Grâce au Doliprane, je pense. Ce matin, j’ai même réussi à me lever pour aller aux toilettes à cloche-pied.
Sophie lui posa la main sur le front.
– Apparemment, vous n’avez plus de fièvre. Normalement, une blessure par balle, on doit voir un médecin. Mais dans votre cas, je comprends bien qu’il faille abandonner cette idée. J’ai apporté ce qu’il faut pour nettoyer la plaie et je regarderai votre blessure de plus près. Pour ça, je préfère vous retirer votre pantalon, ou tout du moins ce qu’il en reste.
Elles se mirent à deux pour faire glisser le lambeau de tissu qui, la veille, était encore un jean à la coupe ajustée.
L’ex-infirmière nettoya la plaie.
– Je confirme que la balle est bien ressortie, et c’est tant mieux. Une chance qu’elle soit passée à côté de l’artère fémorale, sinon vous ne seriez plus là.
Pendant qu’elle faisait un vrai pansement, Sophie poursuivit la conversation sur d’autres sujets.
– J’ai apporté de la nourriture de quoi tenir un siège, et quelques vêtements de Pascal pour Bruno. Mais je n’ai pas d’habits de rechange pour vous.
– Ne vous inquiétez pas, j’en ai dans mon sac de voyage. Bruno me l’a monté tout à l’heure. Il est là sur la chaise.
– Pour ce qui est du nécessaire de toilette, il y a tout ce qu’il faut dans la salle de bains, brosses à dents neuves, eau de toilette, serviettes... Faites comme chez vous !
– Merci, répondit Claire.
– J’ai lu le journal avant de venir ici. Mon frère me dit que ce qui est écrit est faux. J’ai quand même du mal à comprendre. Mais je le crois et je l’aime beaucoup. Alors, ne lui faites pas de mal !
– Oh non, soyez sans crainte ! J’ai fait des choses horribles et je n’en suis pas fière. Mais depuis hier, j’ai enfin compris que votre frère comptait énormément pour moi.
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