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Le Prisonnier de l'île aux pécheurs - épisode 42

  • Alain DECORTES
  • 3 mai 2020
  • 3 min de lecture

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Rochemans – mercredi 25 mars 2020, 8h

Le café coulait dans le filtre. Bruno posa le pain grillé, le beurre et la confiture sur la table. Il était levé depuis près d’une heure. Le lit de la seconde chambre était étroit, le sommier grinçait et le matelas n’était pas très confortable, mais Bruno était tellement fatigué que son sommeil avait eu raison de tous ces désagréments mineurs.

Quand il s’était levé, il avait relu pour la énième fois le papier à l’écriture manuscrite découvert la veille dans le portefeuille de Renaud Marcellin. Depuis qu’il l’avait décodé, il avait enfin compris. Il n’en avait pas encore parlé à Claire. Il le ferait. Restait juste à trouver le bon moment.

Il entendit du bruit dans la chambre de Claire. Quelques instants plus tard, la porte s’ouvrit. Claire apparut dans un pyjama kimono décoré d’oiseaux. Elle marchait en tirant la jambe.

– Bonjour, lui lança-t-elle avec un joli sourire.

– Bonjour. Dis donc, ça a l’air d’aller mieux.

– Oui. Tu vois, je me suis levée et j’arrive à marcher.

Au même moment, elle grimaça en s’appuyant sur son pied gauche.

– Tu vas trop vite. Assieds-toi ! Café et tartines de confiture maison. Ça te convient ?

– Oui, un petit déjeuner copieux me fera du bien et m’évitera peut-être de trop penser.

Pas facile de se délester du poids de ses erreurs !

Bruno fit son possible pour lui changer les idées. Il raconta l’époque où, enfant, il venait passer des vacances à la Bergerie. Il parla de l’étang un peu plus bas et des bois où il faisait bon se promener. Mais Claire revint à la charge dès la deuxième tartine :

– Je pense à mes enfants. J’ai peur de ne jamais les revoir.

Bruno cherchait une réponse à lui apporter. Il lui prit la main. Il avait besoin de ce geste tactile. Peut-être aussi voulait-il inconsciemment la tester. Elle ne se dégagea pas, au contraire, elle serra les doigts pour mieux s’accrocher. Elle poursuivit sa réflexion de vive voix.

– Peut-être que Daniel va me pardonner.

C’en était trop pour Bruno. Il lui lâcha la main et fit un aller-retour jusqu’à sa chambre. Il revint avec le papier récupéré dans le portefeuille du Commandeur. Il le déplia et le tendit à Claire.

– J’attendais encore un peu pour te montrer ce papier. Renaud l’avait dans son portefeuille.

Rédemption le lundi 23

- A à 11h30

- B à 12h30

- C à 15h

– Mais c’est l’écriture de Daniel, s’étonna Claire en lisant. Que veut dire cette déclinaison d’horaires ?

Bruno avait déjà deviné que Dan Lachard était l’auteur des quatre lignes. À la première lecture, il avait aussi cru à une liste numérotée avant de comprendre. Il se leva et se mit à côté d’elle pour lui expliquer :

– Ce n’est pas une liste numérotée alphabétiquement A, B, C, etc. C’est un pur hasard. La signification est très simple, c’est le récapitulatif des empoisonnements d’avant-hier. A pour Ariane : empoisonnement prévu à 11h30. B pour Bruno : c’est bien à midi et demi que tu m’as offert mon verre de jus d’orange ? Je te laisse terminer la devinette.

– C à 15h, continua Claire. C pour…

Elle s’interrompit et lâcha le papier.

– Eh oui, Claire. Ton mari avait prévu de t’empoisonner, toi aussi ! En plus de m’épargner, tu as sacrément bien fait de t’enfuir !

Claire était abasourdie.

– Et j’ai l’explication dogmatique, poursuivit Bruno. Malgré mon élimination, toi, vivante aux côtés de ton mari, tu représentais toujours pour lui le péché que tu avais commis en 2011. Je me souviens avoir développé dans ma thèse cette logique absurde qui aboutit à des assassinats en série.

Debout à côté d’elle, il posa sa main protectrice sur son épaule pour l’aider à encaisser le choc. Elle pencha la tête contre sa taille et pleura en silence.

Ils restèrent ainsi quelques minutes. Quand Bruno se dégagea, elle se leva pour l’empêcher de partir. Elle s’accrocha à lui et blottit sa tête contre son torse.

Bruno éprouva le besoin de se justifier :

– Excuse-moi d’avoir été si direct, mais je n’ai pas voulu te laisser emporter par tes illusions. Il fallait que tu voies la vérité en face.

– Tu as bien fait, répondit-elle d’une voix étouffée tellement elle se serrait contre lui. C’est vrai, je suis compliquée. C’est pour ça que j’ai parfois besoin d’une bonne claque quand je m’égare, comme celle que je viens de recevoir. J’essayais, comme une idiote, de me persuader que Daniel… Mais comment ai-je pu être aussi aveugle ? Oh, c’est tellement dur de découvrir que…

Elle s’interrompit et se remit à pleurer, sans retenue cette fois, avec de grosses larmes.

Vingt ans de sa vie venaient de s’écrouler !

 
 
 

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