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Le Prisonnier de l'île aux pécheurs - épisode 48

  • Alain DECORTES
  • 9 mai 2020
  • 4 min de lecture

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Récit par Claire de son séjour au monastère d’Engelmatt

Au bout de quelques jours, je sentais déjà les transformations qui s’opéraient en moi.

La vie spartiate n’était plus une contrainte, alors qu’elle m’avait horrifiée lorsque, au début, on m’avait expliqué comment se déroulerait mon séjour.

Dès mon arrivée, j’avais dû retirer la totalité de mes habits, pour me vêtir d’une simple robe de bure. Le tissu grossier m’irritait la peau. Je devais marcher pieds nus. On était en plein hiver. Il n’y avait aucun chauffage dans le monastère dont le sol était dallé de pierres. J’ai pensé ne jamais pouvoir résister au froid. Pourtant, au fil des jours, mon corps s’est habitué à la température glaciale et à mon grand étonnement, je ne suis pas tombée malade.

Je passais la plupart du temps dans une cellule monacale exiguë qui ressemblait plus à un cachot qu’à une chambre. L’équipement se limitait à un lit, sans drap ni couverture, une table sans la moindre chaise, un w.c. dépourvu de tout accessoire et un lavabo sans eau chaude. Ce dernier point était par ailleurs sans importance, car les règles en vigueur m’interdisaient de me laver. C’était un symbole : durant mon séjour, je devais garder sur moi ma saleté qui représentait mes péchés.

Je n’avais pas le droit de quitter ma cellule. De toute façon, la porte de bois et de fer ornée de gros clous était verrouillée de l’extérieur.

Je n’avais pour seul éclairage que la lumière du jour qui provenait d’une ouverture à hauteur de plafond.

Le même emploi du temps se répétait quotidiennement. Dès l’apparition des premières lueurs du jour, je devais me lever et prier. Ensuite, je prenais la bible sur la table, me remettais à genoux et apprenais par cœur les passages que l’on m’avait indiqués la veille.

Lorsque j’entendais tambouriner contre la porte de ma cellule, je me précipitais pour remettre mon masque sur les yeux car je ne devais voir personne. On m’emmenait rejoindre un groupe de femmes, certainement en stage comme moi. Je ne les voyais pas et j’ignorais leur nombre.

Un Commandeur nous dispensait notre enseignement. Nous ne connaissions ni son nom, ni son visage à cause de nos yeux bandés, seulement sa voix, sévère et porteuse d’exigence !

Nous étions interrogées et devions réciter les textes appris par cœur. En cas d’erreur, la sanction tombait. Elle s’appliquait au réfectoire, lors du seul repas quotidien auquel nous avions droit. La nourriture de notre esprit devait se substituer à celle de notre corps.

Celles qui étaient punies passaient tout le temps du repas à genoux sur un bâton posé sur le sol. J’ai été sanctionnée par deux fois pendant la première semaine. Ensuite, j’ai fait du zèle. Je crois même avoir été une des meilleures élèves.

Notre formation consistait en l’apprentissage de morceaux choisis et leur étude approfondie. On nous inculquait aussi les règles à observer et les actions à entreprendre pour obtenir la rédemption de nos péchés. Au bout de huit jours, j’étais totalement conditionnée au point de vivre la seconde semaine de mon séjour comme une révélation spirituelle.

Le dernier jour, le Commandeur en personne m’a demandé de sa voix sévère de quitter ma robe de bure et d’entrer dans une piscine d’eau glacée pour terminer de me nettoyer : le corps après l’esprit ! Quand je suis sortie de l’eau, il ne m’a donné aucune serviette pour me sécher. Ça n’avait aucune importance, je me sentais forte et lavée de la plus grande partie de mes péchés. Il m’a reconduit jusqu’à ma cellule sans me rendre ma robe de bure. Je n’avais pas froid.

Jusqu’à lundi dernier, je n’avais aucune idée de qui pouvait être ce Commandeur. C’est dans la clairière quand j’ai entendu Renaud m’ordonner de sa voix sévère de te tuer que j’ai compris que c’était lui le Commandeur du monastère d’Engelmatt.

De nouveau enfermée dans ma cellule, j’ai retiré mon masque. Mes vêtements civils étaient posés sur la table. Je me suis habillée. On est venu me chercher. La Mercedes m’attendait dehors pour me ramener à Vevey.

J’ai retrouvé Daniel. Il m’a dit qu’il était fier de moi.

Après ce séjour à Engelmatt, je n’étais plus la même. J’étais devenue un robot. J’étais prête à tout pour me laver du reste de mes péchés.

Claire avait terminé son récit, soulagée d’avoir tout raconté à Bruno. Pour qu’il comprenne son abominable parcours !

Elle n’avait pas à s’inquiéter. Il avait tout compris ! Tout en restant allongé, il lui passa le bras derrière le cou, sa façon à lui de répondre.

– Comment ai-je pu perdre toute ma lucidité ? se désola Claire.

– Parce qu’ils ont été très forts, alors que toi, tu étais dans un état de faiblesse. Et aussi parce qu’ils emploient des méthodes de conditionnement imparables. Mais l’important est que tu l’aies retrouvée cette lucidité !

– Oui, je l’ai retrouvée pleinement quand j’ai compris que je ne voulais pas te perdre. Ça a été plus fort que tout ce qu’ils m’avaient inculqué depuis deux ans.

Elle s’arrêta un court instant pour une dernière réflexion. Elle voulait en être sûre. Elle avait commis tant d’erreurs. Oui ! Cette fois, elle en était sûre.

– Je ne veux plus te quitter, dit-elle à Bruno en le regardant droit dans les yeux.

Déterminée, elle conclut :

– Je t’aime.

Les visages se rapprochèrent, les lèvres se rencontrèrent, puis les langues s’emmêlèrent dans un long baiser langoureux.

 
 
 

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