Le Prisonnier de l'île aux pécheurs - épisode 49

[if !supportLists]49

Rochemans – vendredi 27 mars 2020

Ils avaient rompu avec les habitudes du lever des jours précédents et étaient restés au lit jusqu’à dix heures.

Une nuit remplie d’amour. Intense par les émotions et les sentiments échangés, plus que par les relations physiques. Ils étaient réveillés depuis longtemps, le lit était complètement défait, mais ils n’avaient aucune envie de se lever. Ils étaient tellement bien, blottis l’un contre l’autre !

Finalement, la raison, aidée par la faim, l’emporta. Claire et Bruno sortirent en même temps du lit et quittèrent la chambre pour préparer le petit déjeuner.

Face à son bol de café, chacun avait encore du mal à réaliser cet incroyable aboutissement qui leur semblait pourtant désormais évident. Ils vivaient intensément l’instant présent, tant il était impossible de se projeter dans l’avenir. Quel serait cet avenir ? Bien malin celui qui pourrait répondre ! Le bonheur ? La prison ? La mort ?

Cette fois enfin, un lien indéfectible s’était noué. L’amour les avait terrassés. Pour Bruno, cet amour était presque une évidence depuis toujours. Et pour Claire, qui avait tant de fois refoulé ce sentiment, plus question désormais de le rejeter. Elle se laissait enfermer définitivement dans cette délectable prison et ne voulait absolument plus en sortir. Les temps avaient bien changé !

Le petit déjeuner terminé, ils se retrouvèrent face à la réalité.

– À partir de demain, Pascal risque de venir à la pêche, dit Bruno. Je vais aller voir discrètement Sophie pour savoir comment on fait.

– Je veux aller avec toi.

– Non, à deux, on risque d’attirer l’attention au village. Et puis hier, tu as pas mal forcé sur ta jambe. Même en prenant le sentier, il y a plus d’un kilomètre aller-retour. Ça fait plus loin que l’étang. Reste bien tranquille ici et repose-toi !

Elle n’avait plus envie de le quitter et elle avait peur toute seule. Bruno sortit le Sig-Sauer de sa cachette et le lui donna pour la rassurer. Elle le prit sans enthousiasme et le déposa dans le tiroir du buffet.

– Je ferai le plus vite possible, conclut Bruno en enfilant un pull. Je serai de retour dans moins d’une heure.

– Reviens-moi vite mon amour !

Ils échangèrent un baiser et Bruno quitta la maison. Claire alla jusqu’à la fenêtre pour le regarder partir. Elle avait envie de pleurer. Tout allait si vite.

Elle devait s’occuper l’esprit. L’idée de faire le lit et un peu de ménage s’imposa à elle comme une activité évidente jusqu’au retour de Bruno.

Claire ne s’était pas encore habillée. Elle repensa à ce que lui avait dit Bruno la veille au sujet de sa robe à fleurs : « tu es ravissante dans cette petite robe ». Une bonne raison pour la remettre !

Avant de finir de s’habiller, elle examina sa blessure. Elle lui faisait un peu mal, sans doute à cause de la marche de la veille, mais la cicatrisation se poursuivait normalement. Bruno avait raison, il ne fallait pas faire d’excès pour que la guérison continue.

Une fois prête, elle chercha un balai et commença l’opération ménage. Elle s’imagina être Blanche-Neige dans la maison des sept nains au milieu de la forêt. www.youtube.com/watch?v=Q8i8MdDixgU

Elle sourit intérieurement de cette pensée cocasse.

Quand elle rangea le balai, elle retourna à la chambre pour faire le lit.

Vivement que Bruno revienne !

Elle entendit du bruit provenant de l’entrée. Déjà ? se dit-elle. Il a fait vite. Elle s’empressa de retourner dans la grande pièce.