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L'Auberge de la vérité Acte 2 Scène 1

(Henriette, Riquita, Sylvie, Eva, Mickey, Véronique)


Un coq chante, puis bruit de basse-cour (poules affolées).

Henriette est installée dans son fauteuil. Elle lit assidument une revue avec une photo d’homme musclé en couverture. Riquita entre en chantant. Henriette cache sa revue et reprend ses mots fléchés.

Riquita : (elle chante) : Frou frou, frou frou par son jupon la femme, Frou frou, frou frou de l’homme trouble l’âme, Frou frou, frou frou certainement la femme, Séduit surtout par son gentil frou frou.

Riquita : (à Henriette) Bonjour Madame.

Henriette : Bonjour Madame. Vous êtes bien matinale. Il est à peine 7 heures.

Riquita : Ma sécurité en dépend. Euh… Je veux dire. Je dois récupérer mes affaires pour m’habiller.

Henriette : Vous habiller ? Mais vous l’êtes déjà !

Riquita : Je ne vais pas essayer de vous expliquer, vous ne pourriez pas comprendre.

Riquita s’apprête à aller dans le placard pour récupérer la valise rose qui contient ses vêtements d’homme. Henriette l’arrête avec sa canne.

Henriette : Stop ! Vos mains !

Riquita : Pardon ?

Henriette : Vous m’avez pas montré vos mains, hier. Je veux les voir !

Riquita : Comment ça, voir mes mains ?

Henriette : Quelle cruche, celle-là ! Montrez-moi vos mains, j’vous dis !

Riquita : Je ne vais pas perdre de temps à discuter. Vous voulez voir mes mains, les voici !

Riquita montre ses mains à Henriette qui les inspecte.

Henriette : Holà la la ! Ma pauv’dame !

Riquita : Qu’y a-t-il ?

Henriette : Elles sont pleines de poils !

Riquita : (retirant ses mains) Oui, bon ça va, j’ai oublié de m’épiler. Je peux y aller maintenant ?

Henriette : Oui, j’ai vu ce que je voulais voir !

Riquita se dirige vers le placard. Sylvie entre.

Sylvie : Riquita ! Surprise de me voir debout, n’est-ce pas ?

Riquita : Euh, oui. Je croyais que tu dormais encore.

Sylvie : J’ai bien vu que c’était ce que tu pensais. Toutes les précautions que tu as prises pour ne pas faire de bruit en quittant la chambre. C’est très gentil de ta part. Mais j’étais réveillée. Je suis une lève-tôt. Je me suis dit que je pourrais descendre t’aider à chercher un dépanneur pour ta voiture.

Riquita : Oui, oui, merci, mais ça y est, c’est réglé. Je viens de téléphoner à un garagiste.

Sylvie : Déjà ?

Riquita : Oui, je me dépêche car je dois le retrouver vers ma voiture.

Sylvie : J’allais justement prendre l’air. Mickey a dit qu’on ne partait pas avant 10h. Je vais t’accompagner.

Riquita : Non, non, non…

Sylvie : (à Henriette) Oh, bonjour Madame ! Excusez-moi, je ne vous avais pas vu.

Henriette : Pourtant, vous n’avez pas de problème avec vos yeux comme la dame qui écrit. Vous allez peut-être pouvoir m’aider. Je butte sur une définition de mes mots fléchés : Pigment protéique assurant le transport de l’oxygène entre l’appareil respiratoire et les cellules de l’organisme. En 11 lettres.

Riquita en profite pour se cacher dans le placard.

Sylvie : En 11 lettres ? (Elle réfléchit). Non, je ne sais pas.

Henriette : Moi qui croyais vous pourriez m’aider à trouver !

Sylvie : Je suis désolée. Je suis préoccupée par quelque chose de beaucoup plus important. Mais ? Riquita ? Où est-elle passée ? Elle a dû partir vers sa voiture. (Pas dupe, elle va devant le placard, et parle au placard) Quelle impolie ! Elle aurait pu dire au revoir quand même. Finalement, je vais peut-être attendre ici qu’elle revienne !

Eva entre, la mine déconfite.

Sylvie : (Ironique) Déjà debout, Eva ? Mais il n’est que 7 heures. Ton Édouard t’a virée du lit. Tu l’as trop épuisé cette nuit ? Non, pardon, c’était pour rire.

Sylvie s’adressera aussi bien à Eva qu’au placard.

Eva : (abattue) Ce n’est pas le moment. Je n’ai toujours pas retrouvé Édouard. J’ai dormi toute seule dans sa chambre.

Sylvie : (Hypocrite) Comment ça, pas retrouvé Édouard ? Et où a-t-il dormi ?

Eva : Je n’en sais rien, moi. Je ne l’ai pas revu depuis hier. Il s’est volatilisé après notre étreinte amoureuse. Tu as bien vu. Pourtant sa valise est toujours dans sa chambre. Je n’y comprends rien.

Sylvie : (Ironique) Tu as raison. C’est quand même drôlement inquiétant.

Eva : Du coup, il y a plein de trucs qui me traversent la tête. Est-ce qu’il a eu un accident ? Est-ce qu’il s’est fait enlever ? Pire, est-ce qu’il est parti précipitamment avec une autre ? Je ne sais plus quoi penser.

Sylvie : (Ironique) Parti avec une autre… C’est incroyable ce que tu dis là. En tout cas, si ça peut te rassurer, je peux te dire qu’il n’était pas avec Riquita. Elle a ronflé toute la nuit. Elle ronfle comme un homme. Je vais te dire : Ça me rappelait mon mari, j’avais l’impression d’être à la maison.

Eva : Ah oui, Riquita. Je l’avais complètement oubliée celle-là.

Sylvie : Tu as raté quelque chose. Le cinéma qu’elle a fait avant de se coucher. Figure-toi qu’elle m’a demandé si je pouvais sortir de la chambre le temps qu’elle se déshabille. Quand je suis revenue, elle avait les draps remontés jusqu’aux yeux. Coincée comme ça, ce n’est plus de la pudeur, c’est de la maladie ! En plus, il a fallu drôlement insister pour qu’on se tutoie. Pourtant, moi, j’ai trouvé cela naturel. Je n’ai pas eu difficulté pour lui dire TU, comme si je la connaissais depuis des années.

Eva : Oui, oui, d’accord, mais ça ne me dit toujours pas ce qu’est devenu mon Édouard.

Sylvie : Ton Édouard ! Ton Édouard ! Tu n’as pas l’impression qu’il te mène en bateau ton Édouard ?

Eva : Mais non, pourquoi ?

Sylvie : Parce que… Sa mère malade, son veuvage… Enfin… Je voulais dire : tu es sûre que c’est quelqu’un de fréquentable, cet Édouard ?

Eva : Mais bien sûr que oui ! Qu’est-ce qui te prend de me dire ça ?

Sylvie : Oh rien. Je voulais juste t’ouvrir les yeux. Mais après tout, rien ne presse. (Retournant parler au placard). On aurait peut-être pu demander à Riquita si elle n’était pas partie comme une voleuse pour récupérer sa voiture. Elle est quand même un peu spéciale, cette Riquita !

Eva : Tu as raison. Moi aussi, je l’ai trouvée bizarre, hier soir au repas. Elle a un genre un peu particulier. Bon, je vais aller prendre mon petit-déjeuner. Je vais essayer de retrouver le moral avec une bonne tartine de confiture. Tu m’accompagnes ?

Sylvie : Non merci, je ne petit-déjeune jamais. Je m’apprêtais à sortir respirer l’air frais du matin.

Eva : OK. Dans ce cas, à tout à l’heure. Moi, je pars noyer mon chagrin dans le beurre et la confiture. (Elle sort).

Sylvie va vers la sortie de l’auberge. Mickey entre de dehors.

Sylvie : Tiens, Mickey ! Alors, c’était bien le camping ?

Mickey : Euh…Bonjour Sylvie. Euh…Oui, pas de problème.

Véronique entre de dehors.

Sylvie : Salut Véro. Tu es allée prendre l’air toi aussi ? Tu es encore plus matinale que moi.

Véronique : (gênée) Euh… oui… enfin…

Sylvie : Toujours aussi timide, ma pauvre Véro ! Mickey, tu ne pourrais pas nous la dégourdir un peu ?

Mickey : Euh…

Sylvie sort, Mickey et Véronique se regardent d’un air complice.


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