L'Auberge de la vérité Acte 2 Scène 15

(Henriette, Catarinetta, Mickey, Sylvie, Eva, Véronique, Émilie, Madame Michu, Édouard/Riquita)

Mickey entre, suivi des randonneuses.

Mickey : (à Eva) Eva ! Tu es vraiment dans la lune pour repartir en oubliant ton sac à dos.

Eva : Mais enfin, je ne suis pas dans la lune.

Sylvie : T’es amoureuse, c’est pareil, alors tu perds tout.

Eva : (elle chante) Oh ! Hé ! Hein ! Bon ! Qu’est-c’que j’ai fait de mon sac, Mes lunettes et mes papiers, Mes chewing-gums, mes bonbons, Mon blouson, mon ceinturon. Oui je sais, je perds tout, mais c’que j’veux pas, C’est qu’on se moque de moi. Oh ! Hé ! Hein ! Bon !

Sylvie : Bon, ça va, j’arrête de te chiner. Alors, te souviens-tu où tu as posé ton sac à dos ?

Eva : Je crois que c’était ici dans cette pièce, mais je n’en suis pas sûre.

Sylvie : Je vais t’aider à le chercher.

Mickey : Oui, Eva t’aider ! Ha ! Ha ! Ha !

Sylvie : Oui, bon, ça va Mickey ! Aide-nous donc à retrouver son sac au lieu de faire des jeux de mots à deux balles ! (aux autres) Vous aussi, aidez-nous à le chercher !

Tout le monde cherche le sac. Si le public est accessible, certains vont chercher le sac dans le public.

Sylvie : Je vais voir derrière le comptoir (elle fait mine de chercher derrière le comptoir). (Surprise, parlant à elle-même). Je n’y comprends plus rien, le sac n’est plus là. (À tous) Non, il n’est pas derrière le comptoir.

Émilie : Je vais voir si tu ne l’as pas laissé à l’étage.

Sylvie : Non, j’ai une meilleure idée, Émilie. Tu n’as qu’à entrer en méditation, et nous dire où se trouve le sac !

Émilie : Tu crois que c’est des choses que j’arrive à faire sur commande ! Enfin, je veux bien essayer, mais je ne promets rien (elle se met en position de méditation et ferme les yeux).

Véronique : Moi, je vais quand même voir dans sa chambre (elle sort).

Tout le monde continue à chercher le sac.

Madame Michu entre de dehors.

Madame Michu : Ah enfin. Il y a quand même du monde. (Regardant Émilie) Tiens, vous avez acheté un nouveau porte manteau ? L’Henriette ! Je viens te causer au sujet du bruit des poules.

Henriette : Tu pourrais être polie. Mais je vais te dire : si elles font du bruit, c’est pas de leur faute. Elles cherchent leur sac. Mais je te rassure, elles vont bientôt repartir.

Madame Michu : Cherche pas à m’embrouiller, l’Henriette !

Madame Michu inspecte tout ce qu’elle peut trouver avec curiosité.

Émilie : (en transe) Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa. Oooooooooooooooooooo, Iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii.

Eva : Émilie ? Ça ne va pas ?

Sylvie : Non, non, laisse, c’est normal !

Madame Michu entre dans la cave.

Émilie : Le sac ! Je vois le sac !

Tous : (avec soulagement) Aaaaaah !

Madame Michu : (voix off, tombant dans le trou) Aaaaah !

Sylvie : Tiens, il y a de l’écho !

Henriette : Zut ! J’avais oublié de remettre l’ampoule. Tant pis, ça fait rien.

Henriette va marquer une 4e croix sur le tableau.

Eva : Super ! Alors ? Où est mon sac ?

Émilie : Il me parait bien plein !

Eva : Normal, j’ai toutes mes affaires dedans.

Émilie : Je le vois, je le vois.

Eva : Oui, oui, on a compris. Dis nous où il est, maintenant !

Émilie : Au fond de la grotte.

Eva : Au fond de la grotte ? Mais je n’ai jamais posé mon sac au fond de la grotte.

Émilie : Je l’ouvre. Holala ! Il est plein de billets de banque ! Que des billets ! Rien que des billets !

Eva : Ce n’est pas mon sac. Je n’ai pas plus de vingt euros. Merci quand même Émilie. Il n’y a plus qu’à continuer à chercher par nous-mêmes.

Véronique revient.

Véronique : Rien dans la chambre !

Tout le monde continue à chercher le sac.

Émilie : La petite fille perdue dans la grotte, je la vois. Elle est tout près !

Eva : Oui d’accord, Émilie ! Mais tes histoires ne m’aident pas beaucoup pour retrouver mon sac. Je ne vois vraiment pas où il peut être.

Sylvie : (s’approchant du placard) À moins que quelqu’un l’ait rangé dans le placard. (Hypocrite, à Eva) Tu devrais peut-être regarder !

Eva ouvre le placard .Riquita sort du placard, mais sans sa perruque.

Riquita : Oui, je sais, c’est encore moi. Ma voiture est toujours en panne.

Eva : (désemparée) Édouard ?

Riquita : Non, Riquita. Je suis Riquita.

Eva : Mais, tes cheveux ?

Édouard/Riquita : Quoi mes cheveux ? (il se touche la tête et comprend qu’il n’a pas sa perruque). (Avec sa voix d’homme) Et merde ! J’ai oublié la perruque !

Sylvie : (sortant la perruque de sa poche et la brandissant à Édouard) C’est ça que tu cherches ?

Eva : Édouard ? Mais… Mais… tu es Riquita ? Mais… Mais…

Édouard : (il sort du placard) (avec sa voix d’homme) Je… Je… Je vais vous expliquer…

Sylvie : Tu ne vas rien expliquer du tout, Édouard. Tout est très clair. Eva, je vais t’en apprendre une bonne : je suis morte.

Eva : Morte ? Pourquoi dis-tu cela ?

Sylvie : Tout simplement parce que ton Édouard qui est devant nous, et qui est soi-disant veuf, eh bien, il se trouve que cet Édouard-là est aussi mon mari !

Eva : Tu veux dire que mon Doudou, et ton Édouard, c’est… c’est le même ?

Sylvie : Exactement. Sans oublier qu’il s’occupe de sa vieille mère malade. Je vais raconter ça à ma belle-mère quand elle rentrera de sa croisière des Caraïbes, ça va lui faire drôle ! (À Édouard) Alors comme ça, tu es dans la Creuse avec un labo. Pas de chance pour ton rendez-vous galant, de te retrouver avec ta femme comme chaperon. Et tu croyais me duper en te déguisant en Riquita. Mais mon pauvre ami, je t’ai reconnu tout de suite. Et je me suis bien amusée à tes dépens. (Changeant de ton) Mais maintenant la récréation est finie. Alors, espèce de salaud ! Je vais t’arracher les yeux !

Eva : Moi aussi !

Sylvie et Eva courent après Édouard. Course poursuite. Sylvie prend le balai de Catarinetta et cherche à le frapper. Pour s’échapper Édouard ouvre la porte de la cave, et la claque derrière lui.

Mickey : (il crie) Attention au trou !

Édouard : (tombe dans le trou) (voix off) Aaaaaaaah !

Henriette : Faudrait quand même que je pense à remettre l’ampoule !

Henriette va marquer une 5e croix sur le tableau.

Henriette : Ça fait rien. Ça compte quand même ! (Elle attrape la bouteille de liqueur et en boit une gorgée et se rassoit).

Sylvie et Eva ouvre la porte de la cave et se penchent au dessus du trou.